Qui n’a jamais connu des conversations commençant par un soupir ou une plainte ?
La météo, les embouteillages, le boulot, le métro, le dodo, les enfants, le supérieur, les factures, la SNCF, le gouvernement, la grippe, la gastro, le cours du 4/40, la fin du monde, la faim dans le monde, la liste trop longue de ma chronique… Les raisons de râler sont nombreuses !
Selon les statistiques pour nos amis des pays voisins, nous sommes le peuple le plus râleur du monde. Nous nous plaindrions jusqu’à 30 fois par jour. Plus d’une fois par heure même en dormant. Pour une fois qu’on est 1er quelque part.
En France, on pourrait considérer que la plainte alimente nos conversations, chacun se plaint tour à tour. Et on assiste à des joutes verbales où le gagnant est celui qui aura la vie la plus pourrie. Comme si évoquer le positif dans nos conversations ne servait à rien où n’allait pas susciter l’intérêt. Un jour j’ai essayé de ne plus me plaindre du tout, et les gens ont arrêté de me parler, du coup j’ai été obligé de recommencer.
Vous connaissez VDM ? C’est l’acronyme pour vie de merde. C’est un site web créé en 2008 qui rassemble tous les désagréments de la vie quotidienne des gens sous forme de petites histoires. Il met bien en avant que quand on se plaint on est en quelque sorte valorisé par la société et que ça nous fait des histoires à raconter.
Allez je vous partage quelques exemples pour ceux qui ne connaissent pas :
Aujourd’hui, je suis allé au ciné avec une fille qui me plaît depuis des mois. Après les pubs, elle me dit qu’elle va aux toilettes. Elle n’est jamais revenue… VDM
Aujourd’hui, j’atteins un tel état de fatigue que j’ai toqué à la porte de mon propre bureau. Pour en sortir. VDM
Apparemment râler c’est culturel, ça alimente les conversations, et pour certains c’est aussi un moyen d’évacuer les tensions, une façon de faire sortir sa frustration pour éviter de craquer… et se plaindre en groupe permet aux personnes de se rapprocher et de partager des valeurs communes, de se sentir proche de l’autre, de se sentir écouté. Alors, pourquoi changer me direz vous ?
Déjà suivant votre degré de raillerie, il peut finir par vous isoler des autres. Vous avez peut-être déjà dû rendre visite à papi ou mamie en maison de retraite qui passe tout le temps que vous êtes là à critiquer le personnel, la bouffe, les animations, le médecin, et j’en passe. Et franchement quand on passe 1h avec quelqu’un qui ne fait que se plaindre, on n’a pas envie d’y retourner. Heureusement les droits de visite ont été réduits de par la situation sanitaire actuelle.
Ou ce collègue qui se plaint tout le temps de tout, il n’a jamais bien dormi, ni passé un bon week-end et il lui arrive toujours des trucs pourris. Au bout d’un moment sa présence et son discours vous vident de toute votre motivation et énergie et petit à petit vous allez chercher à l’éviter. Non pas que ça soit une mauvaise personne, mais plus que sa plainte permanente vous épuise. Merci au télétravail.
Parfois on peut ne pas avoir conscience qu’on râle, se plaindre c’est par exemple dire oh non c’est lundi, vivement vendredi. Ou encore quel temps pourri. On m’a collé un nouveau stagiaire. Mon mec ne fait jamais rien de bien. Ma femme me saoule, etc.
Quand on râle, dans notre cerveau, nous créons des autoroutes neuronales vers la zone plainte, ce qui va nous amener à nous concentrer davantage sur le négatif. La plainte est un puissant générateur d’anxiété. Quand on râle, on libère du cortisol, l’hormone du stress. Ce qui nous rend beaucoup plus vulnérable, notre système immunitaire s’affaiblit, les risques cardiaques augmentent, le diabète et l’obésité peuvent devenir de bien mauvais amis. En bref râler tue.
Vous pouvez réécouter ma chronique sur le stress pour comprendre le mécanisme et ses effets et sans râler s’il vous plaît !
Et à force de vous entraîner à voir le négatif et les problèmes plutôt que le positif et les solutions, en cas d’événements difficiles, vous aurez plus de difficultés à mobiliser vos ressources pour sortir de la situation.
Vous serez plus facilement bloqué devant la difficulté, figé, dans le refus de la situation et en mode victime. Alors qu’à l’inverse si vous avez tendance à percevoir le positif, vous serez plus attentif à l’opportunité qui vous est offerte face à cette difficulté et vous aurez une plus forte capacité à rebondir, à être résilient et à passer à l’action et donc être acteur plutôt que spectateur ou victime.
L’idée n’est pas de vivre au pays de Bambi où tout est extraordinaire et où il n’y a jamais de difficultés. Oh un papillon. On peut prendre conscience avec réalisme des choses, tout en évacuant la tension ou les émotions ressenties de manière saine et pour ça pas besoin de râler et indirectement d’ajouter un stress supplémentaire à l’organisme. Pour savoir comment faire, je vous invite à écouter ma précédente chronique sur les émotions ou encore sur la communication non-violente. Mais disons qu’en quelques mots que râler peut-être un problème de non-respect de ses besoins ou une non-écoute de ses émotions. Donc la prochaine fois que vous râlez, réfléchissez à l’émotion ressentie et au besoin non satisfait.
Globalement on aspire tous au bonheur alors si c’est votre cas, et que vous râlez, demandez-vous pourquoi vous vous infligez ça ? C’est comme vouloir mettre du diesel dans sa tesla, ça ne sert à rien.
Parlons maintenant solutions, parce que c’est possible de changer, si vous voulez vraiment être heureux.
La 1ère étape serait d’identifier vos railleries automatiques. Autrement dit les plaintes réflexes : je suis fatiguée, je vais être en retard, mon compagnon ne m’écoute jamais…
S’indigner face aux injustices de la vie, râler face aux difficultés pourquoi pas. Mais apprenez à transformer votre raillerie en actions et améliorations concrètes. La colère est une belle énergie qui peut mener à l’innovation ou si mal utilisée à l’autodestruction. Donc une fois vos railleries identifiées, la 2e étape consiste à trouver des solutions pour résoudre ces problèmes, faire une cure de magnésium, se lever 10 minutes plus tôt, quitter son mec… rendez-vous acteur plutôt que victime, vous avez le pouvoir de changer ce qui vous rend malheureux.
Et comme je le disais tout à l’heure le fait de râler peut cacher des émotions non exprimées ou encore des besoins non satisfaits. Un besoin est quelque chose qui part de l’extérieur de vous pour nourrir l’intérieur. Par exemple si vous râlez en rentrant le soir sur vos enfants qui chahutent peut-être avez-vous besoin de calme, car vous êtes fatigué et ressentez de la colère face au fait de ne pas pouvoir être dans le silence. Ou encore si vous râlez sur votre patron peut-être que vous ayez besoin de reconnaissance ou d’écoute et que vous ressentez de la tristesse. Apprenez donc à identifier vos besoins et émotions et à les exprimer sainement.
La 3e étape consiste à lâcher prise sur les choses sur lesquelles vous n’avez pas de levier d’action. Vous pouvez vous plaindre de la pluie qui tombe, ou accepter qu’il pleuve, car vous ne pouvez pas changer la météo et prendre un parapluie. Vous ne pouvez pas changer les gens, ni le passé. Votre levier d’action c’est vous. Donnez donc le meilleur de vous même et lâchez prise sur le résultat. Il ne vous appartient plus.
La 4e étape consiste à entraîner votre cerveau à voir le positif. Pour ça, prenez soin de vous, faites-vous plaisir. Prenez un bain, faites une balade en forêt, offrez-vous un massage.
Ayez de la gratitude envers vous même et les autres, par exemple chaque soir avant de dormir écrivez toutes les choses pour lesquelles vous avez de la reconnaissance par exemple d’avoir fait la connaissance d’une nouvelle personne inspirante, d’avoir vu un écureuil, que quelqu’un vous est laissé passer devant lui à la caisse du supermarché, etc.
Et pour aller plus loin vous pouvez acheter le livre j’arrête de râler de Christine Lewicki qui propose un challenge en 21 jours pour arrêter de râler. C’est plutôt sympa et ludique à faire. Elle a aussi fait la version j’arrête de râler sur mes enfants et j’arrête de râler au boulot.
En bref râler peut nuire au bonheur donc amusez-vous à expérimenter la non-raillerie pendant quelques jours et on en rediscute..